mardi 14 décembre 2010

Qu'importe !



Cet avant dernier pré-weekend de Noel, si banal et ensoleillé qu’on aurait du féliciter Météo France de nous l’avoir ainsi annoncé aurait été bien morne sans le « dérapage » presqu’ordinaire de Marine le Pen : on reparle du Front National et Mélanchon réapparait …

La chronique hebdomadaire nourrit nos colonnes et nos écrans.
On n’en a plus que pour dix huit bons mois, cinq centjours et quelques …

François Fillon et Jean-François Copé en ont aussitôt appelé à l’ « union sacrée »contre tous les autres, sous l’œil déterminé du Président contemplant sa cote historique d’impopularité.
Jean Louis Borloo, et ses 800 convives d’un banquet républicain qui n’a bien sur rien à voir avec une quelconque intention politique, avait ouvert le bal vendredi soir.
Martine – le souci d’un respect scrupuleux du calendrier socialiste cacherait-il une superbe indécision ? - et Ségolène – fraîchement auto déclarée candidate à la candidature – affichent belle entente et bises sur fond d’égalité « réelle ». L’alliance semble incertaine. A quand l’iso-réalité d’une véritable égalité ?
A la surprise générale François (encore !) Bayrou aura été réélu triomphalement président à vie de son mouvement propriétaire, dont on ne recense plus les adhérents...
Benoît Hamon a redécoré son bureau d’une affiche du « No Reform Tour » des Thugs.
Arnaud Montebourg a passé un dimanche tranquille auprès d’Audrey, enfin astreinte à domicile pour cause de candidature quasi-conjugale – l’aurait-il fait exprès ? -
Dominique de Villepin se tait.
Christine Boutin aussi.
Laurent Fabius reste en réserve.

DSK – qui n’en peut plus de ne pas savoir s’il croit vraiment en avoir envie – s'en tient à la promesse faite à nos amis d’outre Rhin de finir son mandat. Il n’a pas encore répondu à l’offre de Ségolène pour Matignon. Qui sait ?

Coluche, reviens.

François Hollande parcourt les routes corréziennes et rencontre ses administrés, du marché de Tulle à la petite église à restaurer de Viam, village héros des épopées locales de Richard Millet. Il ne pourra pas aujourd’hui passer dans tous les marchés de Noël qui fleurissent sur les places des villages du département. Mais il les aura tous visités avant les prochaines cantonales

Qu’importe.
Selon « La Montagne », Denis Tillinac aura déclaré vendredi aux auditeurs d’un débat tulliste sur l’identité nationale : « pour gouverner la France, mieux vaut être passé par la Corrèze que par Washington ».
Certes la Corrèze, avec sa Riviera sur les rives de la Dordogne, sa métropole briviste et ses tentations aquitaines dans l’Yssandonais, les escarpements montagnards des cantons de Xaintrie et la rudesse du haut pays des Monédières et du plateau offre une vraie petite maquette de la France. Avec une différence sensible : tous les particularismes locaux s’effacent lorsqu’il faut affronter l’ « Etranger » même venu de l’intérieur.
Cela dit, un voyage d’étude en FMI peut-il nuire par ces temps de mondialisation ?
Enfin, la France et ses fromages indénombrables est-elle vraiment gouvernable par quiconque, hors, évidemment, le Général de Gaulle, dont les mânes sont si souvent convoquées ces temps-ci ?

Qu'importe !
Le corps électoral dans sa sagesse décadaire votera vraisemblablement, une fois encore, pour les promesses symboliques d’un homme ou d’une femme dont il sentira qu’il joue sa vie dans l’aventure. Désespéré par les échecs des chefs et des camps successifs – y peuvent-ils quelque chose ? - peut être sera-t-il tenté par une nouveauté, autre chose...

Qu’importe !
Les sondages l’ont annoncé urbi et orbi. DSK a déjà gagné !
Avant même de s’être déclaré. Et peut-être pour ça.
Les sondés confirmeront ils quand il sera candidat ?
On se souviendra avec intérêt et lucidité d’une légendaire Une du « Monde », fin novembre 1994 où l’un des papes d’alors de la prévision électorale et des études d’opinion, Jérôme Jaffré, signait :
« pour l'opinion, l’élection présidentielle est déjà jouée » … au profit d’Edouard Balladur !

jeudi 2 décembre 2010

Transparences et déballages


Wikileaks ne raconte rien d'autre que ce que nous savions déjà ! Il n'empêche, le déballage inquiète, comme si derrrière tant de banalités se profilaient tous les secrets et les mystères d'un monde qui s'évanouit à force de s'exhiber ... Ne serait-ce que le monde de Wikileask ?

Encore une fois, Daniel Ruiz, l'éditorialiste de "La Montagne" le raconte tellement bien dans sa livraison du 2 décembre :

"Brèves de Polichinelle


Jour après jour, la chronique des potins du monde alimente nos curiosités goulues de minuscules révélations que l’on nous présente comme des brûlots mais dont on a désamorcé tous les détonateurs. Fallait-il tout ce tapage pour nous apprendre que Nicolas Sarkozy est autoritaire et pro-américain, que DSK n’a guère de sympathie pour Ségolène Royal, qu’Angela Merkel est triste comme un bonnet de nuit, que Berlusconi n’aime rien tant que la gaudriole et que notre Rafale est invendable… Non bien sûr et c’est un curieux paradoxe que de voir des journaux servir la caution à un site expert en autopromotion sur des informations mille fois écrites et expliquées à leurs lecteurs.


D’autres s’offusquent de ce déballage en place publique des coulisses de la diplomatie, volées par un informaticien aussi malin que mal intentionné. À croire que les équilibres du monde vont s’en trouver bouleversés. Sans doute la publication des télégrammes agacera-t-elle quelques susceptibilités. Mais à lire et relire les livraisons de scoops de polichinelle on comprend que l’argument de la transparence n’est que le prétexte à un déversement exhibitionniste d’indiscrétions au service d’intérêts qui eux sont bien tenus secrets.
Les contre-pouvoirs, pour rester crédibles, ne doivent pas se départir de leurs codes déontologiques, ni oublier de toujours séparer le bon grain de l’ivraie. L’éthique est souvent l’alliée de la pugnacité contre les manipulations de la vérité et les abus du secret d’État. Informer ce n’est pas être à la remorque d’un site Internet qui confond la liberté d’expression avec la diffusion de cette espèce de recueil de brèves de café du commerce. Les coulisses ne sont que les coulisses et WikiLeaks un avatar d’Internet dont on découvrira peut-être un jour qu’il a été instrumentalisé.
Heureusement la guerre et la paix ne dépendent ni d’un petit lapin poursuivi à travers un salon doré ni d’un canapé accueillant à Washington. L’intérêt principal de cette opération à grand retentissement sera, peut-être, d’ouvrir une vraie réflexion sur les métiers de l’information. Et de
vérifier une fois encore que la distance et le respect de l’autre sont d’autres formes d’expression.
Le silence aussi."

Alors, Silence !