jeudi 2 décembre 2010
Transparences et déballages
Wikileaks ne raconte rien d'autre que ce que nous savions déjà ! Il n'empêche, le déballage inquiète, comme si derrrière tant de banalités se profilaient tous les secrets et les mystères d'un monde qui s'évanouit à force de s'exhiber ... Ne serait-ce que le monde de Wikileask ?
Encore une fois, Daniel Ruiz, l'éditorialiste de "La Montagne" le raconte tellement bien dans sa livraison du 2 décembre :
"Brèves de Polichinelle
Jour après jour, la chronique des potins du monde alimente nos curiosités goulues de minuscules révélations que l’on nous présente comme des brûlots mais dont on a désamorcé tous les détonateurs. Fallait-il tout ce tapage pour nous apprendre que Nicolas Sarkozy est autoritaire et pro-américain, que DSK n’a guère de sympathie pour Ségolène Royal, qu’Angela Merkel est triste comme un bonnet de nuit, que Berlusconi n’aime rien tant que la gaudriole et que notre Rafale est invendable… Non bien sûr et c’est un curieux paradoxe que de voir des journaux servir la caution à un site expert en autopromotion sur des informations mille fois écrites et expliquées à leurs lecteurs.
D’autres s’offusquent de ce déballage en place publique des coulisses de la diplomatie, volées par un informaticien aussi malin que mal intentionné. À croire que les équilibres du monde vont s’en trouver bouleversés. Sans doute la publication des télégrammes agacera-t-elle quelques susceptibilités. Mais à lire et relire les livraisons de scoops de polichinelle on comprend que l’argument de la transparence n’est que le prétexte à un déversement exhibitionniste d’indiscrétions au service d’intérêts qui eux sont bien tenus secrets.
Les contre-pouvoirs, pour rester crédibles, ne doivent pas se départir de leurs codes déontologiques, ni oublier de toujours séparer le bon grain de l’ivraie. L’éthique est souvent l’alliée de la pugnacité contre les manipulations de la vérité et les abus du secret d’État. Informer ce n’est pas être à la remorque d’un site Internet qui confond la liberté d’expression avec la diffusion de cette espèce de recueil de brèves de café du commerce. Les coulisses ne sont que les coulisses et WikiLeaks un avatar d’Internet dont on découvrira peut-être un jour qu’il a été instrumentalisé.
Heureusement la guerre et la paix ne dépendent ni d’un petit lapin poursuivi à travers un salon doré ni d’un canapé accueillant à Washington. L’intérêt principal de cette opération à grand retentissement sera, peut-être, d’ouvrir une vraie réflexion sur les métiers de l’information. Et de
vérifier une fois encore que la distance et le respect de l’autre sont d’autres formes d’expression.
Le silence aussi."
Alors, Silence !
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