lundi 16 mai 2011

L'affaire DSK : Racine ou SAS



L’homme est au faîte de sa puissance.
Dirigeant unanimement incontesté de l’un de ces organismes internationaux d’où l’on dirige la planète, il contraint les états et pilote la gouvernance mondiale. Les dirigeants le craignent.

Avant même qu’il en ait formulé l’intention, le pouvoir s’offre à lui.
Les sondages le donnent favori absolu pour devenir le Président de l’une de ces républiques qu’il contrôle. Il y gagnerait en pouvoir ce qu’il concèderait en efficacité, en reconnaissance et peut-être en fortune. Mais personne ne sait, lui le premier, ce que deviendraient ces pronostics s’il se déclarait, écartelé entre ses convictions, les attaches qu’il revendique, les électeurs qu’il devrait rallier et leurs motivations.

Le choix est cornélien : les chantiers en cours, l’aboutissement d’une vision, la maîtrise de l’équilibre entre les continents et les pays, les devoirs envers son pays, dans un rôle ou il se sent bien, ou d'un autre côté la gloire et les honneurs, le retour et l’apparence, les contraintes liées à la complexité des relations entre les nations dans une bagarre qui ne l’inspire peut être pas.

Il doit choisir.
On l’attend, on le prie, on le presse … Ses proches, ses amis, ses lieutenants, son épouse ... Peut il reculer, doit-il démissionner ?
Il sait que la campagne sera rude. Les coups bas tombent déjà, avant même que le gong ait sonné. Il sait qu’il devra répondre pendant des mois aux attaques plus ou moins sourdes et glauques sur son train de vie, ses origines, ses penchants et ses dérives.

Impossible de décider, répondre aux espoirs qu’il a pourtant lui-même suscités, chez ses compagnons, dans sa famille.

Badaboum. Il craque. Le plafond de verre implose. Il lâche et laisse son instinct le porter où il ne souffrira plus de ces forces contraires.

Quelles qu'en soient les victimes, peut-être sur de son impunité élitaire, bien au delà des réalités.

Totems et tabous.
Titus.
Fatum.
Acte manqué.

Pitoyable.

Où la plus pure intrigue d’une authentique tragédie racinienne se confond avec le scénario recuit d’un nième SAS, ce mix contemporain bestsellerisé de guide touristique précis, de traité de géopolitique et de catalogue exhaustif des perversions des dirigeants de la terre.

Quand les institutions deviennent ainsi fragiles, trop complexes, incompréhensibles, quand elles s’effilochent ou se déglinguent, quand on perd le sens commun, quand aucune règle du jeu n’est respectée, alors l’instinct - et le pire - de l’homme reprend le dessus et annule les tentations de la civilisation.

Bling bling !

3 commentaires:

jo'se : penser le globe a dit…

Racine ou SAS? je perçois plutôt dans cet événement une nouvelle manifestation de la "télé-réalité", qui nous divise entre la réalité "irréelle", et la vérité des faits, qui seule compte. Quand "Sa Nudité" se retrouve face à la femme de chambre, l'homme re-devient-il bête? En un instant, la haute main sur la finance mondiale se retrouve menottée, l'icône élyséenne déchue n'est plus qu'une image sidérante, qui ne peut plus nous "envisager". Le directeur du Sofitel a eu le mot juste: ce client était sur-classé!

odile a dit…

C'est aussi l'histoire d'un mec ...selon l'époque, selon la culture et selon le genre, on dira qu'il est un libertin, un polisson, un priapique, un vicieux, un pervers, un obsédé, un malade, un queutard lourd, un peu trop collant...C'était de toutes façons trop gênant et insistant. On aime ou on aime pas, on gère ou on gère pas, on cède ou on cède pas...Dans le métro on lui dirait "bas les pattes!" Là, les menottes, c'est quand même trop. Et j'ai vraiment beaucoup de mal à imaginer Dominique franchissant la ligne jaune de la violence.

Jeanmi a dit…

"Selon que vous serez puissant ou misérable les jugements de la cour seront blancs ou noirs" Cette sentence de La Fontaine s'applique en négatif à notre DSK national et c'est juste ! De plus les américains nous font un cadeau inestimable en nous évitant d'élire un malade. Imaginons qu'arrivé à l'Élysée, il ait été victime d'une manipulation facile à mettre en place par un pays peu amical. De plus sait-on vraiment si cela n'est pas arrivé dans le passé et que la politique du FMI n'a pas été sous "influence" ?
Qu'il soit coupable ou non peu importe, de s'être abaissé à ce genre de pratique, même consentie sur un pauvre femme de ménage est impardonnable.
Je suis comme un amoureux bafoué, je croyais en lui, maintenant je souhaite que la punition soit terrible s'il est coupable.