L’unique café-tabac-épicerie-marchand de journal est débordé. Les parisiens, les amis de son fils qui a réussi à Paris sont arrivés il y a peu dans leurs grosses limousines.
Le prêtre arrive un poil en retard du chef lieu de canton voisin, son aube sous le bras.
Les « porteurs », des voisins, installent la bière devant l’autel.
C’était quelqu’un de bien, un courageux, un travailleur, un enfant du pays. Emporté d’un coup. Il n’était pas bien vieux ! Dimanche dernier encore …
Les frères se sont retrouvés, les petits enfants ont les yeux rougis ; sa veuve la dignité simple, douce et pale des femmes corréziennes.
Le prêtre parle de l’éternité.
Le cortège s’ébranle, derrière le corbillard, vers le petit cimetière posé sur la colline.
Venez déjeuner avec nous.
On fait le tour de la maison, on raconte l’accident, on évoque quelques souvenirs, plutôt les plus cocasses … on reprend un verre, on parle des affaires. On s’embrasse. Certains profitent de cette première belle journée pour aller aux champs, d’autres ont à prendre le 14h53 pour Paris. A bientôt ! Presque « à la prochaine ! ».
Le dernier carré prend le dernier verre, avec ce sentiment délicieux d’attraper un bout d’éternité, de retrouver le temps, le vrai, celui, buissonnier, de la nature et de l’homme.
Un téléphone portable sonne.
On prendra bien le temps de mourir.
19 juin
1 commentaire:
Alphonse Allais écrivait : "A quoi bon prendre la vie au sérieux, puisque de toute façon nous n'en sortirons pas vivants ?" Alors vous avez bien raison de prendre le temps et de boire ce dernier verre !
Merci pour ce billet, tendre relation d'un triste après-midi corrézien...
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