jeudi 31 juillet 2008

Victimes et responsables !

« La directrice générale, Patricia Russo, et le Président, Serge Tchuruk, quitteront Alcatel-Lucent d’ici la fin de l’année, victimes des mauvais résultats du groupe et d’une fusion difficile »
La Montagne, 30 juillet 2008


La presse s’est fait unanimement l’écho de cette information qui laisse perplexe.

Victimes ?
Nous connaissions responsable, mais pas coupable, et découvrons victime et responsable :
Qui a décidé la fusion incriminée, qui a dirigé l’entreprise, qui ne l’a pas conduite à de bons résultats ? Serge et Pat ! Ils ont d’ailleurs été payés pour ça, vraisemblablement correctement ; on est dans un monde où l’on parle en millions d’euro. Où la « prime » de départ fait des dirigeants des victimes indemnisées avant la catastrophe !

Pas sûr qu’il en ait été de même pour les nombreux salariés qui ont dû quitter le groupe depuis dix ans ; pas sur que les petits actionnaires ne retrouvent leur retour sur leur investissement

On est loin des malheureux 200 000 euro de Philippe Jaffré chez Elf, en son temps, loin des peccadilles de Pierre Suard, le prédécesseur de Tchuruk, et loin de l’élégance morale de Pierre Bilger lorsqu’il abandonna ses droits, en démissionnant d’ Alsthom.

Ambroise Roux, le patron mythologique de la CGE, l’ancêtre d’Alcatel, gagnait beaucoup d’argent, dans les années 70 ! Mais il avait le sens de l’honneur et du développement de l’entreprise, qu’il considérait avant de s’auto récompenser. Le résultat résultait !

lundi 28 juillet 2008

Vacances, vacances

Ca Y est !
Le tour de France est enfin arrivé, avec trois vainqueurs enfin fatigués : nous n’aurons plus les magnifiques images de la France vue d’avion pour nourrir une sieste estivale bienvenue.
Le dernier conseil des ministres bouclé, le président part comme tous les français dans la modeste maison de campagne de sa belle-mère ; on ne le verra plus, il l’a promis … Les ministres rejoignent leurs discrètes villégiatures, plein de dossiers dans les coffres de leurs limousines. Ils feront quelques apparitions sur les marchés de village, dans les festivals ruraux et sur les parvis des petites églises du Gers ou du Luberon.
L’année est bouclée. Si les français ont élu Nicolas Sarkozy pour qu’il casse les cloisons, ils sont servis. Apres trente ans pendant lesquels on n’arrêtait pas de faire et refaire les plans !
La torpeur des derniers jours de juillet occulte le prix du pétrole, le coup de la vie, l’UMP, l’UPM – sans doute pas le PMU -, Obama, les OPA, l’OMC, les impôts, les cartes universitaires, judiciaires et militaires.
Rachida a lancé son blog.
Borloo a colmaté les fuites du Tricastin.
Pendant que les politiques reprennent leurs cahiers de vacances pour ne pas rater l’oral – de rattrapage ? – des universités d’été, les français vont entamer leurs premières vacances avec leur nouvelle constitution.
Faut-il qu’elle soit solide !

vendredi 25 juillet 2008

Interméninges

Un samedi de juillet au Lonzac, temps magnifique…


L’équipe de Tendances Institut, au sortir de son séminaire annuel, invite à une discussion « estivale et champêtre » sociologues, philosophes, écrivains, universitaires, publicitaires autres autour d’un thème du moment :


Liberté et dépendances…


Un monde où nous trouverions suffisamment de sens pour y exercer sereinement une liberté solidaire. Il faut le rebâtir. Ne nous resterait-il alors que la liberté de choisir nos propres dépendances ?

De l’épistémologie au caddy, et « de Bergson à la mère Denis » le dialogue entre la « salle », le public local réuni sous le marché couvert, et la « tribune », presque sur une remorque de tracteur, court vivement. Et dieu dans tout ça ? Et les contraintes administratives, qui entravent l’initiative de chacun, le laissant au bord du chemin.

Rencontre de penseurs avec la « vraie » France, féconde au point d’être utilement évitée par le politique.


Nous reviendrons l’année prochaine pour évoquer les nouveaux « maîtres à penser » libres de se retrouver dans ce village trop peu connu pour qu’en être dépendant ne soit pas extrêmement sain.


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Et bientôt la vidéo...

mercredi 16 juillet 2008

Superbe 14 juillet

Les militaires emmédaillés repoussent de leurs guêtres étincelantes les menaces de la crise budgétaire. Des cumulus rieurs décorent un ciel de juillet d’où sept parachutistes tombent gracilement devant une tribune bondée de tout ce qu’on peut trouver de français, d’européen, de méditerranéen, de mondial. Casques bleus, Chars Leclerc, Déclaration des droits de l’homme, Légion, Migs et hymne à la joie, Dany Boon et Bachar-el-Assad, tous les symboles d’une présidence contrainte à la prévertisation par un monde trop complexe.

Dans les jardins de l’Elysée, garden-party : le président décore Ingrid, plus star que jamais - le faut-il pour ancrer le mythe ? - Carla a changé de tenue, les mauves ne se contrarieront pas ! Oubliée Cecilia 2007…

Des banques font encore faillite, le pétrole augmente et le TPI appelle à condamner le président du Soudan. Les réservations sont faibles à Pékin.

Un concert grandiose rassemble touristes, parisiens et provinciaux sur un champ de Mars illuminé des feux embrasant Paris.

On dansera tard dans la ville en espoir de vacance où, malgré les apparences, rien n’est vraiment plus tout à fait comme l’année dernière.

Momo et son orchestre

Le marché couvert a été aménagé depuis plusieurs jours par les pompiers volontaires de la commune. Des plateaux d’aggloméré, des bâches pour protéger des intempéries ; les tables de bois soigneusement préparées alignées et les chaises de la salle des fêtes…

Les convives arrivent, par familles, par tribus et par fratries… Les jeunes du village s’attroupent autour de la buvette ; la roulotte de la paella géante frétille de friture tandis que les pompiers servent le kir aux invités sagement installés ; 200, 300 Personnes qui ne rateraient pour rien au monde pas ce rendez-vous républicain, liturgique et convivial ; on s’embrasse ; les plus anciens s’interpellent en patois, tous attendent patiemment que la fête commence.

Momo monte sur la scène, le plateau d’une remorque prêtée par un agriculteur, décorée de quelques fougères, et démarre ; l’accordéon souligné par les accords du synthétiseur attaque les marches du pays, les valses, et autres « bruyères corréziennes » … Tous se lèvent et rejoignent le plancher improvisé pour la circonstance … Le capitaine des pompiers salue les autorités, rappelle les promotions de l’année, donne le résultat de la tombola ; les soldats bénévoles et les jeunes sapeurs pompiers servent enfin les melons …

Momo revient… Les fiancés d’Auvergne, Alexandrie , les guinguettes… Jean Ségurel et Claude François… L’étoile des Monédières et My way… enchaîne twists, rocks et madisons… Paso et tango… Les dames dansent ensemble et les enfants courent entre les jambes des couples sur la piste.

Le bal continue, les bouteilles de crémant égaient les tréteaux.

On s’amuse, juste ; on embrasse sa compagne, on savoure un instant de simple plaisir.

Chic, François Fillon, retenu par une sciatique sournoise n’a pas pu venir.

Momo recommencera jusque tard dans la nuit, tant que deux amoureux voudront encore se perdre sur ses rythmes.

vendredi 11 juillet 2008

L’Europe de Pékin à Alger


Le think tank Générations d’idées réunissait le 8 juillet dernier de jeunes européens sur le thème « Né(O)européens ».

Ils ont 35 ans et sont nés dans l’Europe. Ils approuvent, pour certains, la construction réglementaire comme ciment, appuyés par ceux qui sont engagés dans un cadre institutionnel. Un ex-fonctionnaire européen leur raconte l’Eden bureaucratique de la rue de la Loi, à Bruxelles. Les enfants de la vague Erasmus, fidèles « lecteurs » de Café Babel, la vivent naturellement comme un grand terrain d’aventures, même s’ils revendiquent les particularismes de leur terre d’origine. Tous appellent une forme démocratique qui respecterait les histoires et les cultures des peuples européens.

Faut-il signer Lisbonne malgré l’Irlande ? Doit on forcer Lisbonne en re-simplifiant le traité pour obtenir un Oui à une question à laquelle personne ne répond sur un texte que personne ne lit ?

Le président, de la France et de l’Europe, démarre son mandat entre Pékin et Alger, vers l’Asie et autour de la Méditerranée. Il y a peut-être de la vision la dessous. Mais il soulignait il y a peu le caractère protecteur de l’Europe ! Quel aventurier de 25 ans (ou de 53 !) s’enthousiasme pour une vie balisée le privant des frissons de la découverte et des récompenses de ses initiatives ?

mardi 8 juillet 2008

Wanted a new Schumpeter

Superbe temps pendant ce weekend à Aix-en-Provence.

Magnifique Siegfried, Cosi cosi, grand Turangalila de Maessiaen, chevauchée contemporaine sur fond d’images d’aventures animées.

Ca tombe bien : cent personnalités, la moitié du CAC40, quelques politiques triés, des profs de Harvard, invités par le « Cercle des économistes », ce qui se fait de mieux en France, et de très très bien dans le reste du Monde se penchent, dans un amphi peuplé d’invités choisis, sur les plans de l’ « entreprise du XXIè siècle », face aux innovations financières, aux dimensions sociales, aux impératifs de la globalisation ; conquête, gouvernance et régulation …

Entre la fac de droit, sa roseraie, et Sciences Po devant la jolie cathédrale où se succèdent les mariages, entre les terrasses du cours Mirabeau et la place de l’archevêché.

8 minutes par intervention, c’est déjà trop pour finir à l’heure. Madame Lagarde les emploie aux progrès de la France, Monsieur Trichet à la prévention de toute menace d’inflation.

Un intervenant rappelle l’importance du capital chromosomique de l’entreprise.

Carlos Goshn confirme que c’est dur, et qu’il s’en sort chez Renault parce qu’il est japonais.

Erik Orsenna s’interroge : les nouvelles frontières de l’entreprise ne sont elles pas aux rives de l’imbécillité ?

Les conclusions tombent : « Un cycle de croissance s’achève ; les entreprises, dans de nouveaux espaces de liberté, doivent assumer leurs responsabilités sociétale et environnementale ».

Dommage, peut être, que hors Goshn et Michael Van Swaaij, le fondateur de Skype, il n’y ait pas eu plus d’entrepreneurs ! Plus de patrons de PME !

Dommage qu’on n’ait pas mieux inventé l’entreprise du XXiè siècle, plutôt que d’adapter celle que nous connaissons.

Schumpeter is back, good news ! Noboby new appears, bad news !

vendredi 4 juillet 2008

Ingrid is free !

Il semble donc que ce soit confirmé : Ingrid Betancourt est libre.

Belle, sur la passerelle de l’avion, comme on ne l’espérait pas.

Les journaux du matin publient des photos si différentes de celles qui nous avaient inquiétés il y a quelques mois.

C’est bien-sûr une formidable nouvelle, pour elle, pour ses enfants, pour sa famille.

L’héroïne nous est devenue familière ! Les images des chaînes de télévision du monde entier forgent en direct un récit mythologique contemporain et rassurent les peuples effrayés par le monde et la mondialisation sur la vulnérabilité des méchants. Enfin soulagés, nous pouvons croire dans la victoire des gentils.

Les Etats-Unis semblent revendiquer un rôle ; la France confirme n’en avoir joué aucun. Que va faire Nicolas Sarkozy, aujourd'hui, sur le tarmac de Villacoublay ? L’exercice est périlleux.

Rien, dans cette histoire qui échappe au commun des dirigeants, ne les exonèrera de leurs devoirs.

Elle aura largement éclipsé le sauvetage de Raymond Domenech.

jeudi 3 juillet 2008

Velux et département

Imaginons un instant que vous vouliez installer un Velux pour éclairer les combles de cette charmante petite maison que vous a léguée votre vieille tante au fond de la campagne … D’une campagne française, n’importe quelle campagne …

Il faut déposer un permis de construire à la mairie de votre joli village ; le préfet peut s’en mêler ; la DDE a son mot à dire ; et les « Bâtiments de France », si le site est un peu classé. Il y a sans doute des aides pour vos travaux ; vous devez soumettre votre dossier au « Parc » dont vous dépendez, ou au « Pays » nouvellement créé, qui favorisent naturellement le développement de l’habitat rural avec le soutien de l’Europe ; pour la vie courante, attention, votre commune a sans doute délégué certaines compétences à la « Communauté de communes » fraîchement constituée , qui ne coïncide pas forcément avec votre canton, rendant ainsi le conseiller général impuissant ; elle participe à quelque syndicat, SIVOM ou autre SIRTOM, pour la collecte des ordures et l’électrification ; renseignez vous sur le concessionnaire qui mène l’eau potable à votre robinet ; le plan régional installe le haut débit. Touchez deux mots de vos problèmes à votre député, Dimanche, au marché de la préfecture, ou au Sénateur, lors du prochain comice agricole, eux-mêmes bien sûr fort occupés avec la Région qui veut tout gouverner, et bloque les interventions du Ministre qui prépare le prochain conseil européen.

Le médiateur vous guidera dans le marais des instances de coordination, des agences de développement, et des autorités de régulation …

Une association de défense peut vous porter secours …

Le Maire prépare le prochain budget avec le guide des subventions publié par le Conseil Général, entre dix réunions, convoqué par les instances précitées.

Il rencontre les présidents … Et il y en a !

Les colonnes à 0,37% se multiplient sur l’avis de taxe foncière.

Faut-il supprimer les départements, déjà disparus de nos plaques minéralogiques ? Quel sera l’effet sur votre Velux ?

mercredi 2 juillet 2008

Et si on partait quand même en vacances !

On ne circule pas dans Paris ; 45 minutes pour aller du Louvre au Trocadéro ; le RER est en grève ; on évacue 500 personnes de la station Magenta ; les policiers enfouragés ne font aucun cadeau autour de l’avenue Kléber ; il fait 35° et la tour Eiffel suffoque ; elle en est toute bleue ; on éclate tous les quotas de CO2 et de sérénité, à l’aube d’un été bien gagné.

Ça ne facilite pas les soldes

La France inaugure sa présidence européenne ; le chef d’Etat Major des armées démissionne ; les polonais ne manifestent pas un enthousiasme démesuré à l’élargissement ; le pétrole continue de monter, contrairement au pouvoir d’achat ; le CAC 40 chute ; la popularité du président rebaisse ; retrouvera-t-il à l’échelle du vieux continent un sursaut d’illusion de pouvoir ?

Tandis que les parisiens souffrent, on surveille dans les campagnes le devenir de la Pac, et sur le littoral les vagues d’estivants fauchés …

Il va pleuvoir demain ; si on partait quand même en vacances !