dimanche 30 novembre 2008

Quine


Samedi soir, « poule au gibier » du comité des fêtes.
Les tables sont alignées dans la salle des fêtes du village. La première neige, soudaine, a réduit un peu l’affluence, mais presque cent personnes attentives, habituées des lotos du canton, marquent d’un jeton noir les cases de leur carton à mesure que l’animateur annonce les numéros. Ambiance jeu télé.

34, 6, 89, 56 …
L’électronique – le tirage aléatoire par l’ordinateur - a supplanté le sac aux billes marquées, mais la concentration persiste chez les accros.
76, 32, 2, 80 …
Les familles sont au complet ; il y a des parties pour les enfants exceptionnellement autorisés ce soir à veiller. Dehors, la neige assourdi le silence dans la rue déserte sobrement éclairée.
76, 66, 5, 75 …
« Quine » !

Une rangée complète, et les lots se distribuent. Là encore le numérique s’impose. Un écran plat, des micro-ondes ; mais l’on peut toujours gagner quelques bouteilles d’un vin imprécis, un gigot ou une épaule d’un mouton fraichement découpé, des poules et des lapins, un sac de grain et des bons d’achat chez les commerçants du village.
Les conseillers municipaux assistent le comité des fêtes et ressassent les nouvelles du bourg. On commente l’arrivée de l’hiver. On critique et félicite. La buvette bat son plein. On n’aura pas préparé assez de crêpes.

87, 58, 45, 65 …
La dernière partie se termine. Les derniers cadeaux seront offerts aux heureux possesseurs de tickets portant les numéros sortis de la bourriche. Les toits et la rue ont blanchi. Demain la campagne sera couverte d’une neige encore hésitante et légère, et les dernières feuilles tomberont.
L’équipe de foot joue en championnat.

Un week-end sans Sarko, Martine ou Ségo. Repos !
Béatrix Berck est partie.
Des SDF meurrent dans le bois de Vincennes.
Un Airbus s'écrase à Perpignan
On est bien loin de Bombay et de Bangkok.

1, 6, 7, 130 ...
« Quine » !

samedi 29 novembre 2008

Touche pas à ma préfecture !


Les chambres de commerce françaises vont donc se regrouper en chambres régionales … Dotées des ressources nécessaires aux services aux entreprises, ces institutions de nos jours méconnues ont développé et géré les ports, les aéroports et les centres de congrès, ont porté les grandes écoles françaises de commerce. Elles ont perdu leurs prérogatives au profit des syndicats professionnels et ne sont plus les représentantes de ces entreprises qu’elles voulaient tant aider. Les guerres intestines – c’est toujours compliqué, en France, de diminuer les postes de président – et les rivalités clochemerlesques ont cédé devant la réalité du tissu économique : le département rétrécit à l’usage.

Le Président lui-même devant les maires de France a encouragé les régions françaises à se regrouper. Depuis peu la hiérarchie préfectorale se régionalise et la dramatique disparition des références départementales sur nos chères automobiles a soulevé nos assemblées … Heureusement, le droit de revendiquer son appartenance reconnu permet d’adoucir les incertitudes identitaires. On pourra s’afficher corrézien à Saint Pol de Léon, et parisien au Pays basque. Un jour peut être se réclamera-t-on de sa sénégalité au New Jersey et de sa belgitude à Madrid !

Le Rapport « Attali » avait entre autres propositions suggéré de supprimer les départements, constatant la stérilité du millefeuille administratif gaulois. Nicolas Sarkozy en avait rejeté l’éventualité même, mais laisse sans doute par inattention le processus s’opérer. La commission « Balladur » le reprendra-t-elle ? Malgré la peine ressentie par les nostalgiques le mouvement parait imparable. Mais attention, avec la désignation de conseillers généraux pour siéger dans les assemblées régionales elles-mêmes élues « à la proportionnelle », comme celle de conseillers municipaux dans les instances communautaires on risque de confier le pouvoir à des soviets désincarnés étrangers à la représentation démocratique

jeudi 27 novembre 2008

Le calme, enfin ...


Les forces de l’ordre et les caméras du monde entier ont déserté la rue de Solferino. Calme étrange. Peut-on vraiment y circuler ? Martine promet le rassemblement, et les promesses … Ségolène se concentre sur 2012 qu'on attend donc maintenant avec impatience ! Elle a surement gagné la bataille de l’opinion qui attend autre chose, d’autres visages et d’autres discours. Incarnera-t-elle cette victoire, c’est une autre affaire … Et reparlera-t-on bientôt de la démocratie, de cette belle idée, plutôt que des modèles dont chacun s’est emparé ces derniers temps pour tenter de l’interpréter à son propre profit ?

La bourse en a profité pour nous refaire un petit bon historique, une petite crise, manière de se rappeler à notre attention toute portée sur les aventures colossales du parti socialiste. Saluait-elle la sortie de la rencontre du siècle, Martine contre Ségolène ? Puisse le calme ambiant apparent ne pas lui inspirer un plongeon tout aussi historique. Encore que … Qui s’en émeut encore, au-delà des toujours détenteurs de stock options ? Où en est-on de la moralisation des pratiques du capitalisme ?

Il fait maintenant vraiment nuit de bonne heure, et froid … Calme hivernal à l'approche de Noël ? Les terrasses brasérisées fleurissent pour le bonheur des fumeurs et des amoureux de lueurs urbaines. Des cabanes de barbapapa font semblant de faire un marché de Noël sur des Champs Elysées tristounets malgré les lampions pendant que les bourses d’échange de jouets d’occasion rencontrent un succès inédit. Madame Boutin décide d' "obliger les sans-abri à s'héberger". Bonne chance !

La « deux » du Figaro fait le point sur l’usage du portable chez les grands de ce monde, d’Obama à Xavier Bertrand … Un vrai sujet !

Quel calme !

lundi 24 novembre 2008

Sic !


« Non, non, non aux privatisations … »
« Oui, oui, oui au service public … »
Les salariés et les « usagers » de la poste ont défilé samedi dernier.
Et les journaux télévisés du « service public » et des opérateurs privés de reprendre en cœur quelques bribes glanées au hasard auprès des manifestants et des « leaders » sous un chapeau unique : La Poste « menacée » de privatisation !
Quelle menace ?
Et pour qui ?

« Après ouverture du capital, Gaz de France et France Télécom ont été privatisées ». Souffre-t-on pour autant de graves malaises dans l’accès aux réseaux téléphoniques ou dans la disponibilité du précieux carburant ? Le service AU public n’en est-il pas aussi bien assuré ? La France est-elle à la traîne en matière de pénétration du portable et les prix sont-ils supérieurs à ceux des autres pays ? Les rues confiées à Suez ou Veolia sont-elles sales à ce point ? La sécurité des consommateurs de l’eau parisienne sera-t-elle mieux assurée par la municipalisation de sa distribution ?

« Seule la banque postale ouvre des comptes aux bénéficiaires du RMI ! » Faux ! Des grandes banques privées servent nombre de foyers en situation précaire, et pas seulement cette nouvelle institution dont les syndicats ont en son temps largement critiqué la création et qui pourrait même combler le déficit de la distribution du courrier.

Les mots ont un sens, privatisation ne signifie pas forcément abandon du service public, ou du service AU public. Même si les inquiétudes des salariés sont naturellement légitimes et si le maillage postal sur le territoire reste un enjeu. Messieurs les journalistes du petit écran, de TF1 et de France-Télévision, essayez de poser les débats et d’en raconter clairement les attendus, vous en servirez mieux les attentes de vos publics et la qualité de vos « rapportages ».

Les mots ont un sens ! D’ailleurs, Ségolène a dit ce même dimanche soir sur les mêmes antennes : « Si je suis celle qui arrive devant, j’aiderai celle qui n’arrive pas devant, et si je suis celle qui n’arrive pas devant, j’aiderai celle qui n’arrive pas devant. »
Sic !

samedi 22 novembre 2008

50/50


50/50
On le sentait bien!
Si l’on s’en tient à l’arithmétique pure, Ségolène a donc gagné les 20% perdus par Martine qui gagne quand même ! Sur la ligne d’arrivée, autant de partisans du bon vieux parti de nos parents que de promoteurs d’un changement quasi-psychédélique. Autant d’inquiets contenus que d’aventuriers pas si utopistes que ça. Les deux ont gagné, les deux ont perdu.
Bravo François, ça n’est pas sous son règne que le PS explosera.
Et puis Martine est née corrézienne !

50/50 ou la faillite de l’espoir démocratique. Les procédures de votes devraient en principe tenter d’optimiser les préférences des électeurs. Au secours, Arrow et Condorcet ! Ce matin, 100% d’insatisfaits ont la gueule de bois, 50 conservateurs confrontés au déclin inéluctable du modèle, à l’arthrose des structures et un succès ténu face à 50 stoppés dans un élan certes flou pour tout le monde mais enthousiasmant au moins pour eux.
Les entreprises dont le capital est partagé à 50/50 sont toutes ingérables, sauf quand les actionnaires sont des amis !

Deux mondes se télescopent : les « lumières » s’éteignent quand les citoyens veulent eux-même dessiner leur société. L’opinion s’affirme …
Appels, commentaires, contestations, tractations, combinaisons, procédures n’y feront rien ; on risque les prolongations d’une guerre de personnes peu enclines à s’effacer devant les idées et les tendances, ce dont pourtant le monde et notre pays ont plus que jamais besoin.
Martine va-t-elle lancer une OPA sur Besancenot, Ségolène incorporer un nouveau groupe avec le Modem et Mélenchon ?
Vous le saurez demain ...

Qu’importe …
Pendant une semaine au moins, le feuilleton fantastique du PS aura gommé la crise économique – qui s’amplifie, rassurez-vous ! – et évincé pour leur meilleur répit de ses acteurs les résultats improbables du G20 …
Nicolas Sarkozy aurait-il gagné le congrès du PS ?

vendredi 21 novembre 2008

43/34


43/ 34.
Surprise, les amis de Bertrand Delanoë n’ont donc pas tous voté pour Martine Aubry.
Que vont faire ce soir ceux de Benoit Hamon ? Les tenants de la Gauche à gauche – qu’on ne voit plus bien tant on ne nous la raconte pas ! – iront sans doute vers la maire de Lille, ceux de la « modernité » - dont on ne cerne pas bien non plus les contours – vers Ségolène, de plus en plus « christique »… ! Voilà le qualificatif employé par les temps qui courent à l’égard de celle qui, il n’y a pas si longtemps, en 2007, avait déjà devancé Fabius et Strauss-Kahn lors de primaires inédites. Les éléphants sont entravés dans la toile et les Zéniths digitaux.

Ca pourrait bien finir à 50/50, dans une formation éclectique absolument ingouvernable – chapeau Monsieur Hollande - où Henri Emmanuelli dialoguera avec Jean-François Kahn, pendant que l’anticapitalisme « primaire » continuera avec Olivier Besancenot un parcours circonscrit et favorisé par le Président.
Toute symétrie avec les années 80 ne serait que pure coïncidence.
« Ils sont devenus fous », invoquent certains militants, en appelant à François Mitterrand. A moins que, et les jeunes et les anciens, tous pressés par le temps qu’on ne laisse plus au temps, n’aient abandonné le sens, la noblesse et le gout de la politique au profit d’urgentes ambitions, ou qu’une vision lucide de la société contemporaine ne leur échappe.

Des tribus mobiles se forgent et se défont au gré des affinités par delà les frontières des Etats.
Les « terroristes » de Tarnac sont citoyens d’un monde cybernétique largement ouvert.
Les socles de l’économie s’effritent sous des certitudes chaque jour un peu moins durables.

On est juste à peu près surs que le prochain premier secrétaire du PS sera une femme.
C’est déjà ça !

mardi 18 novembre 2008

Le monde est stone


30 ans, il y a trente ans Michel Berger travaillait avec Luc Plamondon aux mélodies qui allaient emporter et réemporteront le monde …
Et pour cause, ils le racontaient alors tel qu’il est encore !

Starmania.
Johny Rockfort et sa bande des banlieues dortoirs enlèvent la présentatrice de télé vedette Crystal. Il en tombe fol amoureux. Avec elle, ils défieront le milliardaire Zéro Janvier, candidat accompagné d’une diva déchue à la présidence du Monde.
Toute ressemblance …
Laurence Ferrari pourrait elle succomber aux charmes du « terroriste » de Tarnac ? Mélissa a bien épousé Jamel ! La première dame n’est pas, tant s’en faut et loin de là, démodée, mais …

Autant de « SOS de terriens en détresse » ? Marie Jeanne craint de perdre son job. Elle rêve toujours du prince charmant.
« Qu’est ce que je vais faire aujourd’hui, qu’est ce que je vais faire demain ? »

Les élites s’agitent, les patrons s’affolent, les politiques politisent, les traders dépriment, les leaders délitent …
Vaudrait-il mieux être un artiste ?

Le monde est stone !

dimanche 16 novembre 2008

"Top 4" à Reims


La partie a été touffue. Pas de ressort collectif, manque d’esprit d’équipe, beaucoup de mêlées fermées et peu d’ouvertures … De bons coups de pieds. Le match s’annonçait serré entre des hommes ( et des femmes ) et des équipes de cette qualité. On en attendait trop.
Pas de baisses d’intensité devant les caméras malgré des avantages anéantis, de l'engagement, de réelles intensions offensives, quelques enchaînements et les rangs bien serrés pour occuper le terrain.
On était entre amis, alors comme dans un bon vieux derby une ou deux volées ont fusé pour intéresser le jeu.

Pourtant, vendredi soir Manuel Valls avait dès l'envoi donné un coup de pied à suivre assez précis, suivi d’une jolie passe de Ségolène à Vincent Peillon. Delanoë a bien défendu ses arrières dans toute la première partie de la rencontre, avant de devoir abandonner sur blessure, peut-être d’amour propre. Martine a remarquablement tenu son pack d'avant : les vieux piliers peuvent encore ressurgir et rerugir. Belle percée du jeune ailier Hamon sélectionné à gauche pour une première sortie dans ce type de challenge.

Au résultat, match nul de chez nul !
Sans doute par manque cruel d’idées et de panache entre les actions.
On peut déplorer la piètre prestation de l’arbitre quasiment absent et souhaiter que ni les militants, ni les français d’ailleurs, qui méritent un grand parti d’opposition n'en soient trop pénalisés.
Choisiront-ils jeudi la tradition dans la continuité, à l'ancienne, la jeunesse ambitieuse dans le respect de l’institution, ou carrément « autre chose » venu d'ailleurs, ce dont ils ont sans doute le plus envie ?

On attend donc avec impatience le match retour …

P.S. (Encore !) : on peut reprendre le même commentaire pour le derby Brive-Clermont de samedi, sauf que là, de justesse, Brive a gagné.
Ouf !

samedi 15 novembre 2008

Coup de Jarnac à Tarnac


On ne passe pas là par hasard, au cœur du Plateau de Millevaches, aux sources de la Vézère et de la Vienne où l’on taquine à la saison la truite fario dans les herbiers et les gours, où les cèpes et les girolles pullulent en septembre. Tarnac, trente maisons de pierres grises, entre les tourbières et les landes, son église, son château, son arbre de la liberté et son auberge où les pêcheurs se retrouvent. Les socs des charrues soulèvent ici dans les champs des vestiges gallo-romains ou mérovingiens.

Traque à Tarnac. La Corrèze, les Monédières et le Plateau bruissent de cette renommée inespérée, rare et soudaine, de portée internationale : des terroristes à Tarnac !
Ils auraient participé au sabotage des lignes TGV de la SNCF. Ces jeunes gens adoptés par le village - toujours suspicieux envers l’étranger dans ces contrées arides, vienne-t-il du bourg voisin - ont réhabilité l’épicerie-bar-restaurant et animent le comité des fêtes … Les concitoyens sont abasourdis. Peut être, séduits par les limousines – les vaches – aux cils tendres ont-ils simplement voulu pour leur plaire arrêter quelques trains. Il était temps, trois jours plus tard les grèves des cheminots les mettaient au chômage technique.

Etrange pays inaccessible, au milieu de – presque – nulle part. Quelques voitures volées alentour ont déjà été retrouvées brûlées ente Bilbao et l’Aveyron sur des cibles ou des bases arrières de l’ETA. Il y a plus longtemps des maquisards y avaient établi leurs camps. Le souvenir de Guingouin reste vivant. Le granit inspire-t-il les résistants aux paillettes de la modernité, aux compromis politiques et aux charmes de la mondialisation sur ces terres de gauche rudes et enclavées où des autochtones bourrus perpétuent les rythmes ancestraux ?
Les gendarmes du chef lieu de canton devaient bien surveiller depuis longtemps ces habitants sans trac que les tarnacais soutiennent aujourd'hui.

Arnaque ?
Tarnac patraque contre attaque.

P.S. (Hé hé … !) : Ségolène vient enfin de faire dire qu’elle s’était décidée. L’Obama français que toute la presse recherche depuis quinze jours serai-t-elle une femme blanche ?

jeudi 13 novembre 2008

Seul 007 aura vécu 2 fois


Nicolas Sarkozy a-t-il pardonné aux mutins de 1917 ? Et a-t-il eu raison ? 85 % de 12806 lecteurs du Figaro semblent le penser. Qu'importe ? Le dernier poilu a disparu l’année dernière et la mémoire, sa mémoire, avec lui, cédant la place à l’Histoire et toutes ses interprétations, peut être nécessaires pour accepter, raconter et bâtir le présent. Le débat sur les commémorations semble d’un autre âge, on ne fête pas la bataille de Crécy et on n’a sans doute pas tout à fait pardonné aux Anglais pour Jeanne d’Arc et aux Romains pour Vercingétorix. On ne peut pas au nom d'erreurs que nous aurions nous-même commises puiser chaque jour dans l’histoire les racines de nos fragilités et les occasions de repentance. Nous n’y étions pas, et qu’aurions nous fait ? Personne ne le sait et ne saurait en vivre les contextes. Seul James Bond aura vécu deux fois.
Alors, consolidons solidement les images suffisamment fortes de l’horreur passée pour tenter d’éviter d’y succomber à niveau.

A ce propos, le président Medvedev se dit prêt à revenir sur les menaces belliqueuses avec lesquelles il a accueilli l’élection de Barack Obama. Il avait sans doute était informé par ses services des intentions de celui-là d’installer un bouclier antimissile en Pologne. Les plus grands dirigeants retrouvent ainsi leurs réflexes, les jeux normaux qu’ils comprennent et qu’ils ont les moyen d’engager, à défaut de maîtriser les autres manifestations, économiques entre autres, de la compétition internationale, et de savoir avouer leur impuissance.
« Si vis pacem … »

Pendant ce temps Ségolène, prêtresse de la fraternité, n’en finit pas de ne pas décider de se décider.Mais l'envie reste tenace ! Trop de ruse doit pouvoir nuire aux effets relatifs d’un charisme hésitant.

mardi 11 novembre 2008

Brive, des livres et délivre


Brive, Novembre. Foire du livre …
Rendez vous immanquable.
La première de la saison, celle où l’on fait le point sur les succès de la rentrée littéraire, à la veille des Goncourt et Renaudot.
400 auteurs s’engouffrent à la gare d’Austerlitz dans le « le train du cholestérol », qui les pose après un voyage des plus gastronomiques sous la halle Georges Brassens de la cité gaillarde, où pendant trois jours, entre le marché du samedi sur la place de la Guierle, les escapades gourmandes obligatoires et les folles soirées du Cardinal – cette année le président Beigbeder lui-même était aux platines – ils dédicacent les nouveautés de l’année.

Des écrivains, des vrais, au renom international, les grands régionaux de l’étape, les auteurs du terroir, quelques vedettes de la télé – regarde, il est là ! Où est PPDA ? … -, des journalistes et des politiques se disputent les faveurs d’un public fervent venu de Clermont, d’Albi, de Toulouse, Uzerche ou Treignac à la rencontre de ceux qui leur racontent leurs histoires préférées, leurs rêves et leurs passions. Amélie Nothomb, Michel Peyramaure, Brutus ( !), Tillinac et Borzeix, Jean François Kahn et Jean Louis Debré.
Les jeunes parcourent un monde de BD, les plus petits s’amusent entre les grands livres d’images et diverses activités.
Entre les ateliers, les lectures et les conférences, on harangue dans les allées bondées un cousin, un fidèle, un lecteur inconnu, un acheteur improbable.
Tulle gagne le derby contre Malemort.
Ambiance d’un marché de pays, besoin de contact, espoir de littérature « Bio ».
Ici les lettres sont vivantes, les enfants ouvrent des livres, les auteurs sont accessibles.
On achète.

Qu’importe le chiffre de la participation, les ventes ont progressé de plus de 5%. Un carton quand les libraires souffrent depuis la rentrée, quand les éditeurs voient des retours inhabituels. Un pied de nez à la promesse de récession. Une forme de distribution directe qui correspond aux attentes d’un public lassé de la normalité et de l’anonymat marchands …

Les écrivains sont repartis vers Paris par le train du dimanche, les visiteurs ont retrouvé leurs maisons, les enfants leurs écoles, après trois journées de vie.
Les jurés des grands prix succombent au politiquement correct en saluant la diversité. Carla Bruni s’engage. La finance américaine continue de plonger malgré l’intervention de l’Etat, General Motors tousse.
La presse recherche avidement l’Obama français, anglais, moldave ou tchécoslovaque. Ségolène tracte.
Les ministres des finances du « G20 » ont préparé à Sao Paulo la conférence de Washington sur la refondation du capitalisme.
Ils auraient mieux fait de venir à Brive !

vendredi 7 novembre 2008

If you can, please do it !


“Yes he could! And he did it!”

6 Novembre.
Sans doute un de ces rares moments d’histoire que la presse contemporaine unanime souligne et sent et tente de nous faire vivre sans qu’au fond nous sachions bien le comprendre, le décrire, et donc le savourer. Le regard des hommes sur les hommes aurait-il vraiment changé ? Chiche !
Un grand pas pour l’Amérique, un plus grand pour le monde ?

Barack Obama!
Les ballons se sont envolés dans le ciel de Chicago ; au-delà de cette victoire émerge une ère nouvelle aux contours flous, aux espoirs insensés et aux enjeux fous.

Tout a été dit … But, in vrac :

62% de votants, aux US, 52% pour « O », du jamais vu ! Les sondages le disaient et nous ne les croyions plus ! Ces chiffres rappellent ceux de Nicolas Sarkozy en France en mai dernier : un peuple conscient et fatigué passe avec le vainqueur un contrat ferme pour que ça change, mais on n’en connait bien sur ni les termes ni l’échéance …

Victoire de la techno : jamais autant d’argent n’aura été recueilli par un candidat, démocrate par surcroit, et ce, grâce à internet, au web, à la toile … Merci face book !
Bienvenue dans ce monde au mode de vie inédit où les affinités « électives » de l’instant s’imposent face aux catégories sociales de toujours.
Dont acte !

Un homme nouveau gagne. L’ombre d’un Kennedy de l’époque numérique plane. Aucun candidat du monde « libre » n’avait depuis longtemps osé invoquer la paix dans une campagne électorale ! Aussitôt la Russie affecte une posture guerrière et, passé l’enthousiasme de la délivrance, les bourses de la planète recommencent à s’effondrer.

« Big victory, bigger challenges »
Welcome Barack.
If you can, please do it!

mardi 4 novembre 2008

On se lève tôt demain !


« Vote historique aux Etats-Unis », « Le monde regarde l’Amérique », « Rendez-vous avec l’histoire », « La révolution de 4 novembre », « Le moment est venu » …

Pas facile d’échapper aux élections américaines. On aura au moins connu une inflation dans la titraille !
11 pages sur 40 dans Libé, 12 dans le Figaro, y compris un grand papier essentiel sur Brooks Brothers, le tailleur de Madison avenue où les deux principaux candidats, comme leurs illustres prédécesseurs, trouvent leurs chemises, leurs cravates … Et peut-être leurs caleçons !
Les rédactions des télés françaises préparent le 20 heures en direct de New York, comme si on y était ...
Comme si on en était !

On en avait quand même moins fait en mai 2007.
L’enjeu est-il réellement à la taille de cette incroyable couverture par la presse française ? Le besoin de croire que quelque chose va changer quelque chose à quelque chose est-il à ce point crucial ? Combien de paris de toutes natures, sociologiques, économiques, politiques auront été engagés dans ce concours géant de pronostic ?

On parle moins de la crise ; comme si le résultat quel qu’il soit – les certitudes s’aménagent forcément à mesure que le grand jour arrive – allait balayer d’un revers magique les malfaisances des mauvais génies qui ont perturbé les derniers mois du monde.
« Change ! » exutoire aux lendemains qui se profilent.Chic, demain tout s’arrange !

Heureusement qu’il y a plein de « James Bond » sur les petits et grand écrans, avec des bons vieux méchants vraiment méchants et de gentils comme on aime, comme quand on croyait qu’on comprenait quelque chose à la marche du monde.

Tout le monde au lit de bonheur, ce soir. On se lève à cinq heures demain matin - un mercredi ! - pour connaître enfin l’issue du suspens, sauf si on a passé la soirée au Harry's Bar, parce que tout ça vaut bien une bière !

lundi 3 novembre 2008

Opération chrysantèmes (bis)


Dernier grand week-end d'exode de l'année. Les granits gris de Madranges fleurissent sous les couleurs de Toussaint. Jaunes, oranges, violets se détachent sur un ciel nuageux annonciateur de flambées vespérales. La bruyère envahit elle aussi les allées ratissées pour l’occasion de ces petits jardins accrochés à l’écart des villages sur les flancs encore dorés des collines des Monédières.
On nettoie les tombes, les cousins se retrouvent ou s’évitent, repoussent les pots des inconnus qui les ont précédés. L’animation des lieux trompe un engourdissement appesanti par les rumeurs de la crise.
Le restaurant de la ville est fermé, Toussaint ou pas, on est samedi ! L’auberge du village, elle, affiche complet. On sort les grands parents et l’on se repasse les dates de naissances et les cousinages toujours imprécis.

Il fait un temps à ne pas mettre un Sarko dehors.
Ni un préfet, ni un TPG, pourtant dorénavant dévolus à la fluidité d’un système financier vraisemblablement terrorisé par cette nouvelle escouade attachée au contrôle de sa vertu. Ils vont devoir affronter les rigueurs hivernales pour traquer les banquiers trop frileux et seront récompensés au mérite ! On pourrait aussi dédier un canal télé du service public à l’attribution des crédits aux particuliers et aux entreprises. Une émission permanente animée par Julien Courbet et financée par les appels téléphoniques des patrons de PME en difficulté. Les artisans font, eux, la course aux « parisiens » revenus au pays.

Les quais de la petite gare d’Uzerche sont bondés. Cet arrêt bucolique, régulièrement contesté par la SNCF, pourtant si nécessaire sur la ligne Paris-Toulouse a été historiquement favorisé par les villégiatures proches de Jouvenel, Spinasse et Jacques Chirac. La Corrèze produit entre autres beaucoup d'hommes politiques. Les voyageurs des alentours se pressent le long des voies, en pleine nature. On croise tous ceux que l’on n’a pas aperçus ce matin au café du commerce, famille oblige. Le Corail Teoz de 18h23, doublé pour l’occasion, est à l’heure.
Dernier au revoir à Austerlitz avant de s’évanouir dans la nuit parisienne vers les vicissitudes du dernier rush avant Noel.